En France, le Dossier Départemental sur les Risques Majeurs (DDRM) est un document officiel élaboré par chaque préfecture. Il a pour objectif de recenser, de manière exhaustive, l’ensemble des risques naturels et technologiques qui peuvent affecter un territoire donné. Le DDRM joue un rôle fondamental dans la prévention des risques majeurs en fournissant des informations claires et détaillées aux citoyens, aux entreprises et aux autorités locales sur les menaces potentielles auxquelles ils peuvent être confrontés.
Ce document s’inscrit dans le cadre de la politique de gestion des risques de sécurité civile du gouvernement. Son but est d'assurer la sécurité de la population en favorisant une meilleure compréhension des risques et en promouvant les mesures de prévention adaptées. En ayant connaissance des dangers auxquels ils sont exposés, les citoyens peuvent ainsi mieux se préparer et réagir en cas de crise.
Objectifs du DDRM
Le DDRM permet d'informer les populations sur les aléas présents dans leur environnement proche, qu’ils soient d’origine naturelle dans le cas des inondations, des tempêtes, des séismes ou technologique lors d'accidents industriels, de transports de matières dangereuses.
Il permet d'assurer une sensibilisation des habitants et des parties prenantes à la nécessité de prendre des mesures de prévention adaptées De la même manière, il favorise la préparation de la population à réagir de manière efficace face à une catastrophe, en leur fournissant des consignes précises sur les comportements à adopter.
Enfin, il s'agit de coordonner l’action des autorités locales et nationales dans la gestion des risques et des crises.
Les spécificités géographiques, climatiques et industrielles variant d’un secteur à l’autre, cela rend nécessaire l’élaboration d’un DDRM spécifique pour chaque territoire concerné. Par exemple, un département situé en zone sismique aura des mesures de prévention différentes d’un autre régulièrement touché par les inondations. Cela permet donc d'adapter la prévention et la gestion des risques aux réalités locales.
Quels sont les risques majeurs
Ils sont généralement classés en deux grandes catégories qui sont les risques naturels et les risques technologiques.
Les risques naturels résultent de phénomènes physiques, climatiques ou géologiques, ce qui inclue les inondations, les séismes, les tempêtes, les cyclones, les incendies de forêt, les mouvements de terrain…
Les risques technologiques sont eux liés à l'activité humaine et aux infrastructures industrielles ou de transport. Cela concerne par exemple les accidents industriels ou de transport de matières dangereuses, les ruptures de barrages…
Bien que chaque territoire ait son propre profil de risques, certains événements majeurs ont pu marquer l’histoire, illustrant ainsi la diversité et la gravité des évènements. On peut citer les tempêtes de fin 1999, les "tempêtes du siècle", qui ont balayé une grande partie du pays par exemple (Lothar sur le nord du pays le 26/12/1999 et Martin sur le sud du pays le 27/12/1999), en causant la mort de 92 personnes et de nombreux blessés, en privant d'électricité près de 3,45 millions de personnes, en provoquant des millions d'arbres déracinés et des dégâts matériels importants (entre 8 et 13 milliards d'€uros). L'explosion de l’usine AZF à Toulouse le 21/09/2001 a causé quant à elle des pertes humaines et des destructions massives (30 morts, 2 500 blessés graves et plus de 8 000 blessés légers, près de 30 000 bâtiments détruits ou fortement endommagés, coût global estimé selon un rapport de l'assemblée nationale à 1,5 milliards d'€uros). On peut également citer, sans être exhaustif, les inondations répétées dans le sud-est, comme celles des 2 et 3 octobre 2020 dans les Alpes-Maritimes (tempête Alex), qui ont également causé des pertes humaines et des destructions d’infrastructures (18 personnes décédées, environ 1 milliard d'€uros de dommages sur les infrastructures publiques, les réseaux et près de 500 bâtiments).
Eu égard aux effets du changement climatique, les risques majeurs d'origine naturelle deviennent de plus en plus prégnants. Les experts s'accordent sur le fait que leur occurrence, leurs effets et les conséquences engendrant des dégâts de plus en plus catastrophiques sont réelles. Selon une étude conduite par les Nations Unis (UN Office for Disaster Risk Reduction), sur la période 1980 / 2019, une hausse significative du nombre des catastrophes naturelles a pu être mise en évidence.

Comment est structuré le DDRM
Constitué de plusieurs sections destinées à fournir des informations détaillées sur les aléas identifiés dans le département, le DDRM doit avant toute permettre d'identifier, dans une section spécifique, les différents types de risques naturels et technologiques recensés en expliquant leur nature, leur fréquence et les zones potentiellement exposées.
Le document inclut une cartographie des zones vulnérables. Ces cartes permettent de visualiser les secteurs les plus exposés à chaque type d'évènement, comme les vallées inondables, les zones sismiques, etc.
Les mesures de prévention sont décrites en présentant la planification et les dispositifs mis en place pour réduire les impacts (ex. : Plans de Prévention des Risques Naturels ou Technologiques, systèmes d'alerte, infrastructures de protection, etc.).
Enfin, il s'agit de transmettre les informations relatives aux consignes à suivre en cas de crise et sur les comportements à adopter pour se protéger en fonction du type d'aléa.
Le DDRM est régulièrement actualisé afin de tenir compte des évolutions, qu'il s'agisse de changements environnementaux comme la déforestation, l'urbanisation, mais aussi les améliorations technologiques ou la parution de nouvelles réglementations. Cette mise à jour garantit que le dossier reste pertinent et adapté aux conditions actuelles du territoire.
Rôles des autorités et des citoyens
Les autorités publiques, à travers la préfecture et les services de l’État, jouent un rôle central dans la gestion et la prévention en étant responsables de l’élaboration et de la mise à jour du DDRM réalisées en concertation avec les services spécialisés (pompiers, sécurité civile, agences de l’environnement, etc.).
La mise en œuvre des Plans de Prévention des Risques (PPR), qui sont des outils réglementaires visant à interdire ou à limiter certaines activités dans les zones exposées (ex. : interdiction de construire dans une zone inondable), contribue aussi à assurer la protection des personnes. Ces mesures sont complétées par l’information préventive sur les dangers et les consignes de sécurité, de même que par l’organisation de simulations et d’exercices de gestion de crise pour préparer les équipes d'intervention et les populations.
S'agissant des citoyens, chacun a un rôle à jouer dans la prévention et la réduction des risques, comme notamment en s’informant sur ceux qui sont présents dans son environnement immédiat, via le DDRM et/ou les documents municipaux.
La population doit être sensibilisée pour adopter des mesures de prévention en préparant par exemple un kit d’urgence, en sécurisant son habitation contre les inondations ou les incendies et en s’assurant d’avoir des moyens de communication d’urgence. Ces actions doivent aussi mettre l'accent sur la nécessité de suivre les consignes des autorités, car en cas de crise, il est crucial de respecter les ordres d’évacuation ou de confinement.
Par ailleurs, en participant aux exercices de sécurité civile organisés par les autorités locales, chacun peut se familiariser avec les procédures à suivre en cas de catastrophe.
Comment s'informer
Le DDRM est un document public que chacun peut consulter librement. Cela est généralement possible en version dématérialisée à télécharger en ligne sur le site de la préfecture, plus particulièrement dans la section dédiée à la sécurité civile ou aux risques majeurs. La consultation peut également se faire en version papier dans les mairies, les services préfectoraux ou dans les bibliothèques publiques.
En plus de la consultation du document évoquée ci-dessus, plusieurs outils et ressources permettent à chacun de se tenir informés. Météo-France met à jour quotidiennement et diffuse les cartes de vigilances météorologiques concernant les tempêtes, les chutes de neige, les épisodes de vent violent ou tout autre phénomène extrême. Vigicrues est un site dédié au suivi des niveaux d'eau des rivières, très utile en cas d'inondation.
Géorisques est un portail gouvernemental qui permet de visualiser les risques naturels et technologiques au niveau local, à l’échelle de sa commune et de son quartier ou de son hameau.
Enfin, les systèmes d’alerte en vigueur dans les départements et les communes concernent des dispositifs de diffusion par SMS pour prévenir les habitants en cas de risque imminent (ex. : FR-Alert). Cette technologie vient compléter d'autres dispositions déjà en vigueur de manière plus ancienne, comme des automates de diffusion de l'alerte ou les sirènes intégrées au système national d'alerte.
Le cadre législatif et règlementaire
La gestion des risques majeurs en France repose sur un cadre législatif solide, comprenant plusieurs textes dont, parmi les plus importants, la loi n°87-565 du 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la sécurité civile qui pose les bases du système de gestion des risques. Celle-ci a fait l'objet de plusieurs évolutions législatives et règlementaires, notamment en 2004 et en 2019. L'ensemble de ces dispositions ont été intégrées au code de la sécurité intérieure.
Le Code de l’environnement, et notamment les articles L.125-2 à L.125-6, imposent aux autorités l’obligation d’informer les citoyens sur les risques auxquels ils sont exposés. Ainsi, les personnes doivent être sensibilisées sur les risques présents dans leur environnement. Les mairies ont l’obligation d’afficher en permanence les documents relatifs à ces situations. Par ailleurs, les entreprises dites "SEVESO" au titre des installations classées pour la protection de l'environnement, sont également tenues de fournir des informations sur les mesures de sécurité mises en place et sur les consignes à suivre en cas d'accident technologique.
Comment réagir en cas de crise
Avant la crise
Pendant la crise
Après la crise